L’artisane du paradoxe

Ses créations ont ce petit quelque chose de l’oxymore… ce paradoxe lexical qui embellit notre littérature. Sauf que, dans le cas d’Elsa, la figure stylistique prend corps en couleurs et en matières. Elsa Boch, faiseuse de motifs et céramiste, dessinatrice et coloriste, peintre et potière, réussit en effet à exprimer une étonnante simplicité engagée, qui n’est pas sans rappeler à la fois les arts premiers et l’estampe japonaise, le design scandinave et l’aquarelle naturaliste.

Originaire de l’est de la France, Elsa a posé ses crayons et pinceaux à Maisdon-sur-Sèvre. C’est dans sa jolie maison en bois qu’elle développe, depuis un an, son activité de designer de motifs et de céramiste. Elle a rejoint le Vignoble nantais en 2016 alors qu’elle vient d’être recrutée chez Maison du monde, enseigne pour laquelle elle travaillera six ans comme graphiste-designer puis styliste-designer. Souhaitant fuir le rythme effréné du monde de l’entreprise et remettre la pratique créative au coeur de sa vie, elle décide de revenir à ses premières amours, le design de motifs, et de se lancer, en solo !

Elsa imagine donc des motifs qui pourront être déclinés sur des pièces textiles. Elle travaille d’abord à la main avec de l’aquarelle, des crayons de couleur ou de la gouache. Elle scanne ensuite ses dessins et les retravaille sur un logiciel. Ses planches de motifs sont imprimées en laser, en format A3, ce qui permet d’avoir les motifs à la bonne échelle. Elle couche sur papier des motifs floraux ou géométriques, colorés et joyeux, en s’inspirant de tout ce qui l’entoure. Elle joue avec les transparences, la composition, les superpositions. Celle qui vit dans un intérieur très épuré, plutôt japonisant, avoue pourtant « aimer quand c’est assez dense » sur le papier ou le tissu. Elsa cultive donc l’art du paradoxe créatif et ne s’en cache pas : « j’aime travailler les couleurs qui n’ont pas l’habitude d’être associées ensemble. Le contraste est ce qui m’intéresse le plus. Je recherche l’inattendu. »

Pas surprenant alors que la jeune femme, formée plutôt au design des matériaux souples, se soit découvert une vraie passion pour l’objet en « dur », la céramique, qui casse et se brise. L’artisane façonne le colombin et la plaque car elle en apprécie la texture et la lenteur de modelage. Elle envisage aussi améliorer sa pratique du tour pour se lancer, un jour, dans la création d’objets d’art de la table. Pour l’heure, elle met en forme des vases, bols, et autres coffrets en grès qu’elle décore à l’engobe puis émaille. Il lui arrive aussi de graver l’ornementation dans la terre encore fraîche ou de réaliser des incrustations. Le style « Elsa Boch » est reconnaissable entre mille : des créations densément remplies de grosses fleurs, des objets bi-chromes aux contrastes puissants, des vases texturés, finement gravés ou « sablées » qui, au premier coup d’oeil, ressemblent aux céramiques grecques antiques par leur chromie ou à celles des peuples néolithiques par leur apparente simplicité.

La nouvelle artiste entrepreneuse oeuvre, produit, fabrique, crée, imagine… et cherche désormais à faire connaître son travail à deux visages. Pour ses créations en 3 dimensions, elle souhaite pouvoir trouver boutiques ou galeries à son pied. Pour ses oeuvres en 2 dimensions, elle participe à des salons professionnels. Elle est notamment présente à l’un des salons majeurs du milieu, « Première vision », à Paris en ce début juillet ! Souhaitons-lui de belles rencontres…