Ou la beauté simple et discrète selon Caroline Guillot

Atelier Shibumi… Certains penseront au célèbre roman de Trevanian justement intitulé Shibumi et ils auront raison… Car c’est bien du titre de l’ouvrage que la céramiste nouvellement Regrippiéroise s’est inspirée pour son nom d’artisane. Parce que les mots ont un sens et notamment les concepts esthétisants japonais, « shibumi » est le beau vu comme la simplicité élégante, un raffinement subtil sous des apparences banales, une harmonie minimaliste. Les créations de Caroline sont-elles shibumi/shibui ? Oui, à l’évidence… Visite à l’atelier.

Comment peut-on atteindre le shibumi […] ?— On ne l’atteint pas, on… le découvre. Et seul un très petit nombre d’hommes d’un raffinement extrême y parviennent. […]— Cela signifie-t-il qu’il faut beaucoup apprendre pour découvrir le shibumi ?— Cela signifie plutôt que l’on doit dépasser la connaissance pour atteindre la simplicité.
(extrait de Shibumi, Trevanian)

Des ressources humaines à Shibumi

Juriste de formation, Caroline est spécialisée dans le droit des affaires internationales. Elle travaille quelques années à Londres. À son retour en France, elle prend un poste de responsable des ressources humaines au sein d’une ONG d’urgence. Elle va y travailler pendant 19 ans mais … « chef d’équipe n’était pas son truc » confie-t-elle.

Grâce à sa fille Madeleine, qu’elle amène prendre des cours, elle découvre la céramique. C’est une révélation et elle commence à prendre elle aussi des cours du soir auprès de @corentinbrison. De fil en aiguille, de terre en tour, elle intègre une école à Montreuil et y prépare un CAP « tourneur en céramique », en 2018-2019. Au cours « d’une réflexion le temps d’une soirée » et alors qu’elle se lasse de plus en plus des RH et que la céramique devient une véritable passion, elle décide de franchir le pas de la reconversion professionnelle. L’atelier Shibumi était né. En juillet 2019, elle prend possession d’un local dans le 17e arrondissement. Quelques mois de travaux plus tard, elle peut ouvrir son atelier au public… Assez vite, elle propose des cours… seulement aux débutants, au début, afin de gagner en expérience et en maturité. À Paris, « tout est facile, même s’il y a un céramiste à tous les coins de rues » sourit Caroline. Sa nouvelle activité la comble et fonctionne plutôt bien grâce au bouche-à-oreille et à la vie de quartier animée.

De la capitale au Vignoble nantais

De ce tournant professionnel naît aussi la volonté de quitter Paris, accentuée par la crise sanitaire. À la veille de l’entrée au collège de son aînée, l’idée devient une aspiration, une évidence. Des amis à Clisson, de la famille à Liré : ces proches lui « survendent » la Loire-Atlantique. En effet, explique Caroline, « c’est proche du bord de la mer, c’est un territoire « neutre » pour nos familles et on ne s’éloigne pas trop de Paris et de nos amis » et comme la famille a envie « de la campagne ‘campagne’ », le couple jette son dévolu sur une maison de village à La Regrippière, avec vue sur les champs et un garage, bienvenu, pour y installer l’atelier afin d’accueillir stagiaires et clientèle. En juillet 2021, Caroline & co prennent leur quartier dans le Vignoble. La dépendance est vite transformée et aménagée : en janvier 2022, l’atelier de Shibumi, bien loin des bruits de la capitale, ouvre un nouveau chapitre.

Tourne, tourne…

Formée aux différentes techniques de poterie, Caroline admet préférer tourner. De temps en temps, elle s’autorise quelques écarts, un peu de coulage de porcelaine par exemple mais ce qu’elle apprécie vraiment « c’est tournasser ». Il s’agit, après le tournage, d’enlever l’excès d’argile… C’est la finition : « c’est une étape complètement hypnotisante, j’ai un outil dans la main et ça tourne encore » raconte Caroline. La production sur le tour représente 30% à 40% de l’activité. La potière fabrique autant de l’utilitaire que du décoratif : tasses, vases, pots, bols, coupelles, vide-poche, brûle-parfum. Celle qui tient un petit carnet de recettes, où elle note absolument tout, a ses couleurs de prédilection comme le vert d’eau, le rose, le turquoise, le bleu marine. Elle s’essaie depuis récemment à la dorure, qu’elle applique délicatement après 2 cuissons sur son émail. Elle montre ses productions sur son compte Instagram et, quand elle a suffisamment produit, organise des ventes sur son site internet. Elle souhaiterait, pourquoi pas, proposer ses créations aux restaurateurs. Caroline ouvre également son atelier à tous les personnes sensibles au tournage et au travail de la terre lors de cours hebdomadaires et de stages, dont on retrouve les dates sur son site et ses réseaux.

Et vous ? Sensibles au shibumi des créations de Caroline ? Nous, si tant est que nous ayons surpassé la connaissance (dixit Trevanian)… nous avons pu apprécier non seulement l’élégance des œuvres, leur sobriété émaillée, leur minimalisme pastel mais aussi la simplicité accueillante de leur créatrice, qui a su créer un univers doux et apaisant, propice à l’inspiration. Merci Caroline et bienvenue dans le Vignoble !

Et comme notre intérêt pour la céramique frise l’obsession, (re)découvrez nos potières de talent sur le Vignoble : ici et ici  !