Retour à l’essentiel de l’alcool !

Entrer dans le labo/atelier de Marina c’est un peu pénétrer dans l’antre mystérieuse d’une gentille sorcière. Mixtures et bouillonnements, voilà bien ce qui se trame dans cette ancienne cave valletaise, réinvestie par cette magicienne des temps modernes. Le lieu en a vu d’autres, des liquides et breuvages, ceux du terroir, et avec ces cuves enterrées, ses réseaux et son sol bétonné, il se prête parfaitement à cette « nouvelle » activité qu’on lui impose.

Car Marina n’est pas vigneronne non, elle est… comment dirait-on… distillatrice ? Elle ne l’a pas toujours été. Dans une autre vie, bien loin des effluves de malt et de lie de vin, elle fut logisticienne. Le besoin de se recentrer et une rencontre avec un distillateur passionné, celui de Moby Dick, lui ouvrent les voies de la reconversion. Sur ce chemin, tout entre en résonnance : ses connaissances organisationnelles du monde de l’entreprise, ses souvenirs épicés de voyages en Orient, son intérêt pour les alcools d’outre-Manche aiguisé lors de séjours anglo-écossais. Les ingrédients sont tous là : ce savant mélange d’envies et de compétences permet la maturation du projet en 2020 et quelques stages et formations de terrain plus tard, la création de la Distillerie Divine.

Artisane des alcools        

Ce qui fait de Marina une artisane des alcools et qui fait la magie du lieu, ce sont évidemment les 2 alambics qui attirent d’emblée le regard. L’un vient d’Alsace, où il a été déniché. Autant dire qu’il a déjà plusieurs milliers de litres de liqueurs à son actif. C’est un alambic à bain-marie d’une capacité de 100 litres, plutôt adapté aux matières épaisses. L’autre a été façonné par 2 artisans portugais. Sa cucurbite, son chapiteau et son col de cygne sont rutilants et magnifiquement martelés. C’est un alambic à feu nu, d’une contenance de 500 litres. Ces 2 marmites aux alcools, par leur authenticité et leur esthétisme, n’ont rien à envier aux objets de musée… Sauf qu’eux bouillonnent encore à l’intérieur.

Ensorceleuse d’arômes

Ce qui fait de Marina une ensorceleuse d’arômes et qui donne un caractère unique à ces potions, ce sont bien sûr les ingrédients choisis, de haute qualité : épices et malt biologiques, verveine cueillie à la main, lie de vin, tout juste soutirée, issue d’exploitations locales. Le champ des possibles est vaste car les matières premières peuvent être très variées : baies, plantes, fruits, lie de vins, malt… Marina souhaite expérimenter certes mais privilégier au maximum des provenances locales.

Alchimiste contemporaine

Ce qui fait de Marina une alchimiste contemporaine, c’est enfin le long processus de fabrication et de transformation qu’elle maîtrise, de mieux en mieux. De la « slow production » en somme pour obtenir ces spiritueux, bien nommés. Pour récolter le meilleur du produit, le spiritus comme le nommaient les Anciens, c’est-à-dire « l’âme de la boisson alcoolisée », il faut d’abord une 1ère distillation, qui donne un liquide très chargé en alcool, « le brouillis ». Après nettoyage de la cuve, il faut effectuer une 2e passe au cours de laquelle, la récolte du « cœur de chauffe » peut avoir lieu. Comme pour le café dont nous racontions la torréfaction, l’artisane exploite ses sens, et quelques outils comme le densimètre, pour savoir précisément à quel moment débuter et stopper la récolte.  C’est ainsi 500 litres de lie de vin utiles pour environ 30 à 40 litres d’eau-de-vie produite. Ou comment extraire d’un rebut, un élixir : on appelle cela de l’upcycling agro-alimentaire non ?

Pédagogue de la distillation

À ce jour, la gamme de spiritueux proposée par Divine se compose d’un gin, d’une liqueur de verveine, d’une liqueur de cynorrhodon et d’un Single Malt, tout jeune whisky… encore translucide. Si cela vous étonne, on ne saurait que trop vous encourager à franchir la porte de l’atelier. Marina vous expliquera alors tous les secrets de son nouveau métier d’antan et vous initiera à l’art de la lente distillation qui reste, sur nos terres envignées, une science méconnue. Elle vous dira comment elle laisse macérer dans de l’alcool pur les baies de genévrier avec quantité d’épices (coriandre, cardamome, clou de girofle…) pour obtenir son gin ou pourquoi elle peut se targuer de produire un « single malt » ou encore comment elle utilise sa jolie étiqueteuse en bois manuelle car oui, elle fait tout Marina !

D’ailleurs, parlons étiquettes. La qualité du contenu n’a d’égal que la beauté du contenant. Si on consomme avec modération le breuvage, on admire sans retenue les fioles et flacons qui le contiennent. Toujours une histoire de sens ici et la vue n’est pas en reste : la charte graphique des étiquettes aux dessins rappelant les planches botaniques du XIXe siècle fait mouche ainsi que ce petit détail, le bouchon de bois… Mention spéciale donc à celui qui a imaginé l’esthétisme de la marque, Antoine Gadiou. Évidemment, les divines bouteilles sont en vente en circuit court : à l’atelier, chez les cavistes, sur les marchés de producteurs ou à tester chez les restaurateurs.

L’excellence est un tout !